Ce n’est pas encore Halloween, mais 😆
Ils sont 3 trailers fous (Katia œil de Lynx, Jocelyn monsieur 6000 lumens et Nicolas notre diététicien sportif) à suivre Thierry (Monsieur Boussole) dans une préparation de nuit pour cette course mythique la SaintetLyon.
L’objectif de cette préparation est d’enchaîner trail et vélo de nuit dans le but de nous mettre dans des conditions sportives proches de celles que nous allons vivre le 3 décembre sans pour cela laisser des meurtrissures musculaires irréparables. Lionel lui aussi affublé de son surnom de kenyan blanc et moi-même avions déjà reconnu une partie du parcours de jour le weekend dernier. Et bien heureux celui qui pense avoir les mêmes repères de jour que de nuit. La nuit même avec nos frontales très puissantes, nous ne voyons pas à plus de 30 m, le relief et les courbes de dénivelé sont complètement aplatis.
Nous arrivons sur le parking du cul du chien avec un peu de retard, la température a chuté rapidement, 4 degrés d’écart entre Mennecy et Noisy sur école. Moi qui pensais qu’au sud la température était bien meilleure. La température baissera inexorablement pour atteindre 2 degrés.
Le ciel est limpide et laisse percer d’innombrables étoiles, la lune gibbeuse dépose sa faible luminosité sur le sol sablonneux mais ne parvient pas à transpercer totalement la canopée de cette belle forêt de fontainebleau.
Frontale à la tête, chaussures de trail aux pieds, gants et 2 à 3 couches de vêtements, nous voilà partis sur le chemin de denecourt (balisé bleu) des 3 pignons. 10 km de rochers, de sentier étroit, nous montons à pieds puis descendons en courant lorsque cela est possible. Le sentier est haché de difficultés racines, sables et feuilles rendant le parcours quelque peu glissant.
Puis nous passons sous l’autoroute, tentons de reprendre un GR, les chemins que nous croisons ne sont pas répertoriés sur la carte, heureusement la boussole est toujours là pour nous donner le cap, nous atteignons le GR 1 qui nous fait traverser les gorges de Franchard. Je peux vous dire pour l’avoir parcouru de jour que ce sentier est magique. La nuit, nous nous retrouvons comme des aveugles, nous avons l’odeur des pins, des champignons, le chant des chouettes effraies et des hulottes pour égailler nos sens. D’ailleurs, Jocelyn avec son projecteur hors norme pointera une chouette effraie, d’un blanc pur, recroquevillée sur sa branche de pin. La malheureuse éblouie par le faisceau lumineux surpuissant devra patienter quelques minutes avant de reprendre sa chasse nocturne.Nous arrivons sur le parking de Franchard, 20 km au compteur, il est temps de faire demi-tour, nous voyons sur le sol des traces fraîches de sangliers et entendons quelques grommellements au loin qui apeurent Katia. Katia c’est notre œil de lynx qui déniche les balises là où votre œil est passé 3 fois sans remarquer le moindre petit trait bleu. Une vision nocturne inégalée.
Nous nous arrêtons souvent pour faire un point topo et prenons froid par la même occasion. Heureusement, Jocelyn est souvent devant pour nous éclairer de son phare, cela nous facilite grandement notre progression ou la recherche de balise. Nous prenons les chemins des barbiers puis cévisse (ces 2 chemins sont bien notés sur ma carte IGN et maintenant dans ma mémoire), pour redescendre vers le tunnel passant sous l’autoroute. Quel bruit d’enfer dans la nuit ces voitures et camions. Nous qui entendions nos pas sur les chemins sablonneux et nos respirations, nous sommes confrontés au bruit de roulement sur l’asphalte.
3km après nous reprenons notre sérénité monastique, notre diététicien pioche un peu. ll faut dire que les chocapic et barre de céréale pour enfant, ne lui donnent pas tous les nutriments nécessaires pour courir longtemps et dans le froid.
Tout au long de notre escapade nocturne, j’ai pu filmer notre progression. Cela sera compilé avec les nombreuses sorties de préparation que nous avons pu réaliser auparavant avec Katia, Nicolas et Lionel.
Carte et boussole dans une main, caméra dans l’autre, nous avançons au gré des croisements, des choix de chemin à la boussole. Le nord rien que le nord pour orienter sa carte dans le bon sens. L’attention baisse après quelques heures de course nocturne, le discernement et le choix des directions n’est plus aussi simple et facile.
Après 5H30 de courses et 37 km parcourus, nous arrivons aux voitures à 2H15 du matin. Nous avons tous très faim et notre diététicien nous propose de tester sa nouvelle formule diététique bien connue des très grands sportifs « le camembert au chocapic ». Et là, nos cakes et gâteaux sportifs tant salés que sucrés ne peuvent rivaliser.
Nous reprenons nos vélos, le froid est intense, nous ajoutons de nouvelles couches. Les chemins sablonneux de fontainebleau rendent la progression extrêmement difficile, 10km/h de moyenne avec des efforts surhumains. Nous n’avançons pas assez vite. Lors d’un arrêt Jocelyn vide son estomac, heureusement il n’a pas testé le camembert mais il a pris froid en se changeant. Courageux, il remonte sur son vélo, il est mal, la nuit cache la blancheur de son visage.
Nous n’allons pas pouvoir continuer ainsi dans l’effort, je décide de bifurquer sur la route d’autant que le camembert ne donne pas plus de force à notre diététicien qui pioche de nouveau. Nous continuons sur les routes désertes et traversons des villages mornes sans vie. Nous nous arrêtons pour une collation à 20 km, le froid est vif, Jocelyn va un peu mieux mais ce n’est pas tout de même la grande forme. Notre diététicien pioche toujours et son vélo n’arrange rien, il ne peut que rester sur le petit plateau. 22 ans de bons et loyaux services auront eu raison de la manette du dérailleur. Le vélo ne peut pas être musical (couinement à chaque tour de pédalier) et opérationnel à 100 %. Il faut être indulgent avec les vieux machins !
Katia ne lâche rien, elle ne montre aucune faiblesse. Je peux vous dire qu’elle a monté, sans mettre pied à terre, toutes les côtes, mêmes sablonneuses. Une vrai warrior qui ne s’alimente pas non plus au camembert.
Lors des derniers kilomètres je me rends compte que je ne parle que de nourriture à Jocelyn qui n’a pas le goût à s’alimenter (désolé Joce). La faim me tiraille et le froid nous empêche de nous arrêter pour une seconde collation. Nous arrivons au parking à 5H15 après avoir parcouru 30 km transis et une faim gargantuesque. Heureusement, nous avons le camembert et après une course ça vous remets un homme sur pieds.
Après 8H45 d’efforts par une nuit à deux degrés, nous ne sommes pas mécontents de rentrer pour prendre une bonne douche et de s’allonger.
Un grand merci à mes coéquipiers (y compris Lionel qui m’a aidé sans le savoir à préparer ce parcours) qui sans eux cette sortie n’aurait pu avoir lieu. La forêt de nuit est un terrain de jeu magique mais reste tout de même dangereuse.
A bientôt pour de nouvelles sorties nocturnes THIERRY
magnifique récit qui donnerait à certains l’envie de vous suivre, qui nous a fait rire, du fond de notre canapé ce jour. Finalement pas besoin de s’inscrire sur des courses car on peut vivre de belles émotions près de chez nous😂😛 Une mise en jambes un peu particulière avant le grand saut le 2 décembre.
Merci Thierry !! Quel poète !! Tu as eu raison de mettre en lumière le vrai héros de la nuit: le camembert bio de Nico qui a embaumé ma voiture !!😂😜
Encore merci de nous avoir guidé dans cette belle (mais fraîche) aventure … avant de vivre celle de saint Étienne !Katia
Vous etes des grands malades !!!! Vous m avez fais rire et peur a la fois avec ce recit ! Je retourne a mon picon biere et me prepare pour ma sortie demain sur les falaises entre les 2 caps ! Bravo a vous …. Au fait nico oublie le camembert a lyon sinon je ramene le maroille. Lionel
Bravo à Thierry pour ce magnifique récit poétique …je sens que j’ai atterri dans un club d’intellos, cool !Sinon, c’est vraiment un truc de tarés votre entraînement. À propos de poésie, c’est vraiment une bonne chose que Jocelyn ait eu une frontale au top. Comme ça, il a bien pu distinguer dans son dégueuli précisément ce qu’il n’avait pas digéré ( la nutrition, c’est important pour une épreuve longue)😉Juan