Une belle et douce nuit que celle du 3 décembre

Les voilà partis ces bargeots en direction du Perray-en-Yveline pour accomplir leur périple d’une nuit. Nous arrivons péniblement, après une heure de parking sur l’A6, au point de destination. Nous allons prendre nos dossards et nous nous rendons dans le gymnase accueillant les  800 coureurs (435 sur le 56 km et 347 sur le 110 km).  Nous apprécions déjà la bonne température accueillante qui y règne environ 3° à 4°, juste de quoi vous donner l’envie de sortir.

Nous avons le temps de grignoter et de boire les victuailles de chacun. Nos fameux gâteaux ‘sport’ Daphnéen avec une nouvelle variante salée. Un vrai salon de thé, ou chacun assis sur le banc partage ses impressions.

Toute la petite troupe se prépare, ajuste les sangles des frontales, gants et bonnets seront de rigueur cette nuit.

Le débriefing est donné, ce n’est plus 56 km mais 57 km  et 200 m de dénivelé positif supplémentaire,  quand on aime on ne compte pas. Un membre de l’organisation nous laisse entendre que le dénivelé se situe entre le 15eme et le 30eme, après ce n’est que du plat.  15 km de course éreintante, c’est dans le domaine du possible.

Nous sortons tous pour nous rendre au départ. Nous sommes à l’arrière de la foule des runners, nous faisons quelques selfies souvenir. Jocelyn production sort la GoPro pour immortaliser les bons souvenirs. Le top départ est donné à 19H30, les trailers se déambulent doucement dans un halo de lumière. David comme à son habitude est parti très rapidement pour éviter les passages et les goulets dès le départ.

Lionel nous annonce qu’il est chaud bouillant,  mais nous allons le surveiller notre Speedy Gonzales. Jocelyn veille au grain, Thierry et Eric colle ses runnings. Les consignes sont données, vitesse limitée avec interdiction de doubler.

Nous approchons des rigoles construites par Louis XIV, et Nicolas propose à qui veut l’entendre un cours très intéressant sur l’utilité des rigoles, leur déclivité, leur construction. Nous sommes tous à l’écoute et des trailers se joignent à nous pour profiter de ce moment de culture. Courir plus intelligent, voilà déjà une belle prouesse.

Jocelyn donne le tempo, mais est certainement un peu trop rapide.  Tout le monde suit et dans un chemin à l’orée du bois, Lionel nous en fait la remarque très sérieusement « vous ne pensez pas que nous allons un peu vite », le régulateur de vitesse  ‘Daphné’ fonctionne plutôt bien.

Puis arrive les montées, puis les descentes, puis les montées et encore des descentes, éternelle répétition ou les muscles sont mis à rude épreuve.  Les montées sont en ligne droite sans lacet sur 200 à 500m et les décentes à l’identique. Les lacets sont pour les baudets pas pour les bourrins.

David est devant, il a pris de l’avance il a 110 km à avaler, il doit passer les barrières horaires avec beaucoup de marge. Nous arrivons à la première barrière horaire des 15 avec de l’avance.

Après une montée, Eric commence ressentir des crampes,  nous sommes environ au 25eme kilo. Nous l’attendons le rassurons, son pas de course est claudiquant et pas très sûr. Nous ralentissons la cadence.  Mais jusqu’où va-t-il pouvoir tenir ? Quelques minutes plus tard,  la décision d’Eric tombe comme une douche glaciale, il abandonne et nous ordonne de continuer sans lui pour respecter la barrière horaire et éviter la disqualification.

Nous l’abandonnons et décidons de l’attendre au ravito une fois la barrière de temps franchise.

Nous remplissons nos gourdes, grignotons un morceau tout en nous refroidissant sévèrement. Eric nous rejoint finalement après un bon quart d’heure, il est encore dans les temps. Son genou le fait souffrir, sa décision est irrévocable, il abandonne. Nous faisons quelques selfies souvenir et repartons totalement frigorifiés. Eric reprendra la navette destination le frigo.

D’après l’organisatrice la succession de montées et descentes devrait s’arrêter dans quelques kilomètres. Après avoir changé de versant, oh surprise, les montées sont plus raides et plus longues, nous grignotons dans les montées seul moment où nous pouvons nous reposer. Monter pour se reposer, c’est assez nouveau pour nous tous.  Toutes les montées seront réalisées en marchant et les descentes en courant. Nous nous accrochons aux arbres,  aux pierres, ça dérape à gauche saut de pierre évitement de racine. Jocelyn nous fait de belles acrobaties dans un pierrier, et Thierry goute à plat ventre les belles feuilles d’automne.

Au 33eme, Thierry est derrière à la traine, un coup de mou puis après une belle montée suivi d’une relance, les crampes le cisaillent. Étirement, puis la petite troupe repart. La barrière de temps est plus serrée et le dénivelé n’est pas à notre avantage. Les crampes s’enchaînent, les arrêts sont fréquents. Thierry indique à la troupe de continuer sans l’attendre, il va réduire la voilure.

La barrière des 45 km est passée pour Nicolas, Jocelyn et Lionel avec 30’ d’avance qu’ils conserveront jusqu’à la fin. Thierry passera la barrière avec 3’ de retard, les organisateurs décident de le laisser continuer dans sa souffrance. Plus que onze kilo, l’arrivée est proche c’est que du plat.   Taratata, on nous a servi le même discours au hors d’œuvre, plat de résistance et maintenant au dessert. Heureusement nous recevons les encouragement via SMS de Papa Malik même à 2H30 du matin !

Effectivement, le signaleur disait vrai cette fois-ci. Du plat enfin que du plat ou presque mais ne chipotons pas.  Lionel ne peux plus courir les douleurs au genou sont vives, Jocelyn ne peut plus s’arrêter, la marche et les arrêts sont très douloureux également pour son genou. Nicolas fatigue et essuie quelques baisses de tension.  Thierry, quelques kilos derrière reprend du poil de la bête et comble le retard, les 3,5 litres d’eau plus un régime amande & cramberries auront eu raison des crampes.

Nous nous retrouvons tous au gymnase, David s’est arrêté sagement au 57km, petite douleur au adducteurs. Nicolas arrivera devant, Jocelyn qui ne peut vraiment plus s’arrêter suivi de Lionel.  Quand Thierry arrive après 9H de course, tout le monde est en joie, les accolades sont vives et les félicitations fusent.

David –  pas de résultat au 110km mais arrivé bien avant la petite troupe sur les 55km

  • Nicolas : 8H24 162e
  • Jocelyn : 8H32 183e
  • Lionel : 8H35  194e
  • Thierry : 9H03  245e
  • Eric : pas de résultat

Le petit groupe est au complet, les traits sont tous très tirés, nous n’avons même pas le courage de nous prendre en photo et de déboucher la bouteille de champagne que Lionel avait pris soin d’amener. Le thé chaud et le gâteau banane chocolat de Peggy nous redonne un peu de chaleur, mais le froid de la salle nous oblige à partir très vite direction le plat pays menneçois.

Nous revoyons le membre de l’organisation et lui demandons s’il  connait bien le parcours après le 30eme kilo, les montées sont plus raides, plus nombreuses et plus longues.  Effectivement après le 15eme sur 30km c’est le cas et non du 15e jusqu’au 30e.  Mauvaise compréhension de notre part qui nous a quelque peu perturbé.

Cette expérience folle et unique, nous a permis de franchir un seuil de distance et de dénivelé tout en appréhendant au mieux les barrières horaires.

Sur 435 partants pour le 56 km 271 sont arrivés et 351 seront disqualifiés (62%).

Sur 347 partants pour le 110 km 171 sont arrivés et 220 seront disqualifiés (49%).

Les bargeots vont maintenant rentrer dans une phase de récupération pour ne pas dire hibernation.

Nous proposerons au printemps à nos amis trailers de leur faire goûter une partie du parcours, les paysages vallonnés, la pleine nature doit être magnifique sous le soleil.

Merci Thierry pour ce récit qui nous fait revivre la course, la douleur et le froid en moins…

Jocelyn

Très bon ce récit ! On retiendra les mots : FROID / MONTEES / RIGOLES – J’ai pas eu le droit au cours sur les rigoles je veux bien l’entendre 🙂

Pour mes temps : C’est 3h30 au 29e km et 7h25 au 57 km. 2ème portion faites avec le mal aux adducteurs
La bise à tous et à très bientôt pour de nouvelles aventures :p

David